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chasses et voyages au congo

penser aux migrations bibliques ; nous-mêmes ouvrant la marche, portés à l’antique sur nos tippoyes, sorte de brancards entre lesquels un petit carré de bambou tressé nous sert de siège : quatre hommes y sont attelés et alternativement et selon les accidents du terrain vous portent soit sur la tête soit sur l’épaule. Quatre autres hommes suivent pour les relayer, et suivant leur humeur et leur degré d’habileté, ce fauteuil mouvant se transforme en un lit d’épines ou en un délicieux berceau. Après nous viennent les charges les plus précieuses, nos fusils et munitions que nous couvons jalousement de l’œil et auxquelles nous ne permettons jamais de rester en arrière ; puis commence la longue théorie des charges bien intéressantes celles-là aussi, des tentes, des sacs de literie, des caisses de vivres et de vêtements de toutes sortes dont on connaît bientôt la physionomie particulière de chacune, de telle sorte qu’en arrivant au camp et en voyant apparaître l’une après l’autre les soixante-dix charges qui nous suivent, on peut à première vue déjà dire à peu près certainement celle qui manque à l’appel.

Enfin, fermant la marche, les femmes de nos boys et de nos soldats succombant sous le poids des ustensiles de ménage dont leurs maris les ont surchargées, complètent cette vision de fuite en Égypte dont nous donnons l’impression.

Ce qui frappe surtout dans le paysage, c’est le manque absolu de bétail dans la région que nous traversons ; ni ânes, ni mulets, ni bêtes à cornes d’aucun genre, seules quelques rares chèvres broutant autour des huttes indigènes sont les uniques bêtes que nous rencontrons sur notre passage. Et l’on s’étonne de ne pas voir des troupeaux dans ces coteaux verdoyants et l’on se demande pourquoi l’on n’a pas encore songé à exploiter cette richesse, car le pays s’ouvre à la prospection ; à chaque instant l’on rencontre l’un ou l’autre jeune aventureux qui, envoyé soit par la Forminière (Soc. Générale) soit par la Banque de