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Page:Maurras – anthinea.djvu/105

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ANTHINEA

se produisit en art ; on sentit qu’il ne suffit pas de copier des formes, ni de les agrandir, ni de les abréger, et que le plaisir véritable naît d’un rapport de convenance et d’harmonie. La même règle fut étendue à la philosophie de la vie. On vit que le bonheur ne tient pas à la foule des objets étrangers dont la commune cupidité s’embarrasse, ni à l’avare sécheresse d’une âme qui se retranche et veut s’isoler. S’il importe que l’âme soit maîtresse chez elle, il faut aussi qu’elle sache trouver son bien et le cueillir en s’y élevant d’un heureux effort. Ni relâchement, ni rudesse, aucune vertu sans plaisir, ni aucun plaisir sans vertu, voilà le conseil athénien. Il n’en est pas qu’on ait dénaturé davantage, le genre humain n’en a pas reçu de plus pénétrant.

L’influence de la raison athénienne créa et peut sans doute recréer l’ordre de la civilisation véritable partout où l’on voudra comprendre que la quantité des choses produites et la force des activités productrices s’accroîtraient jusqu’à l’infini sans rien nous procurer qui fût vraiment nouveau pour nous. L’âme chagrine et mécontente qui fit de l’homme l’inventif et industrieux animal qui change la face du monde, cette âme de désir, cette âme de labeur ne sera jamais satisfaite par un nombre quelconque d’œuvres ou de travaux, tout nombre pouvant être accru : c’est la qualité et la perfection de son œuvre, qui