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ANTHINEA

rait les moyens de les admirer avec le sentiment de la surprise extrême. Le Masque d’Agamemnon, comme Schliemann appelle son feuillet de métal battu, ne me paraissait ni plus neuf ni plus récemment mis au jour que des chefs-d’œuvre catalogués depuis longtemps. C’est de l’heure de mon débarquement au Pirée et de ma première visite que ceci ou cela datait également. Quel motif de préférer le moins beau ou le laid et de perdre mon temps chez les inférieurs ?

Autre chose m’indisposait encore, c’est l’abus fait du nom d’Homère par les historiens de l’art de Mycènes. Leurs comparaisons soutenues entre l’art homérique et l’art mycénien sont insupportables. Sans doute l’Iliade et l’Odyssée fournissent plus d’une réminiscence évidente de la civilisation que les Achéens fugitifs apportèrent, lors de l’invasion dorienne, dans la Grèce des îles et la Grèce d’Asie. Quoique postérieur, et de beaucoup, à ces translations historiques, l’âge d’Homère avait gardé les débris de l’art achéen, et sans doute aussi le poète savait-il par la tradition ce qu’avaient été autrefois Mycènes la dorée, la douce Argos, et les autres cités de l’Achaïe en fleur. Les poèmes d’Homère peuvent donc renseigner sur les temps mycéniens et, comme dans le livre de M, Helbig[1], les antiquités de Mycènes peuvent nous éclaircir quelques-unes des difficultés

  1. L’Épopée homérique. Paris, Didot.