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ANTHINEA

les statues de l’inconsolable Artémise et de son époux, une des colossales roues de pierre qui tenaient au char de Mausole, des chevaux, des lions et les piliers énormes qui supportaient le faîte du monument ; une autre salle nous conserve des débris importants du temple de la grande Diane des Éphésiens, massives colonnes doriques sur piédestaux à double étage couverts de sculptures de grandeur naturelle, ici d’un archaïsme à peu près voisin du barbare, et, plus bas, presque athéniennes par la pureté, la noblesse, l’aisance et la vive énergie.

Les Bretons ravisseurs ont donc couru dans tous les sens la patrie de notre art ; ils en ont fauché et pris le plus beau. Dès le seuil, j’ai du reconnaître dans la foule de ces captifs et de ces captives un compatriote enchaîné. Je veux parler du jeune athlète qui se tient à l’entrée du « first greco-roman saloon » et qui porte le numéro 600. C’est un jeune homme de marbre, nu, de corps ferme et robuste, qui passe pour une réplique (en ce cas, excellente), de l’athlète de Polyclète : il a été découvert en Provence, près de Vaison, dans le département de Vaucluse. Quel dieu méchant, ou quel concours de destinées fâcheuses ont conduit jusque-là, sous le ciel gris, dans l’air humide, cet éphèbe de notre sang ?

Mais son malheur me touche à peine. Il est ici des infortunes plus touchantes et de plus