Aller au contenu

Page:Maurras - Kiel et Tanger - 1914.djvu/116

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
cxii
introduction

l’esprit cette forte maxime du comte de Paris, que « les institutions ont corrompu les hommes ». Le prince parlait des voleurs qui, de son temps, commençaient à déshonorer le Parlement. Ce sont, ici, d’honnêtes gens, ce sont des personnages de grand mérite. L’institution les a illusionnés plutôt que corrompus. On se demande seulement par quelle merveille elle aura su leur imposer une aussi grossière illusion.

Pouvaient-ils vraiment croire, même il y a quinze ans, qu’une République parlementaire changerait de nature du jour qu’ils la présideraient ou se figuraient-ils que leurs grands desseins politiques deviendraient compatibles avec l’inertie et l’instabilité de la démocratie, du seul fait qu’ils en seraient les ministres ? Étant loyaux républicains, aucun d’entre eux ne se flattait d’un droit personnel et spécial à régir la chose publique. Ils ne comptaient ni sur une grâce de Dieu ni sur la vertu de quelque formulaire mystique, étant libres penseurs de naissance ou de profession. Le fait de résumer ce que la République présentait de meilleur leur valait, par surcroît, la haine des pires. Ils le savaient ; ils n’ignoraient point que cela compliquerait encore leur position et la rendrait