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Page:Maurras - Kiel et Tanger - 1914.djvu/127

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l’avènement des modérés

de parler moi-même d’un très vague « complot royaliste » qui aurait été ébauché vers le même temps. Il consista probablement en de simples conversations. La date peut en être placée aux premiers mois de 1896. Le public témoignait de sa crainte de l’impôt sur le revenu, et, les ministres s’étonnant de voir la Russie les pousser de plus en plus à se rapprocher de Berlin, quelques hommes politiques très républicains d’origine, dont j’ai bien oublié les noms, se demandèrent si le moment n’était pas venu de réaliser, comme on dit en Bourse, c’est-à-dire de convertir en des valeurs certaines, en des institutions stables, résistantes, définitives, les avantages de la politique modérée suivie jusque-là : il devenait trop évident qu’on allait se trouver aux prises avec de sérieuses difficultés. Ne valait-il pas mieux éviter ou réduire ces difficultés à l’avance en en supprimant les facteurs, l’occasion et le terrain même ? Le moyen le plus sûr de garantir et de fonder à tout jamais la politique modérée n’était-il pas, dès lors, de renverser la République et d’établir la Monarchie ?

Cette question hantait et tentait des esprits sur lesquels j’ai été renseigné de première source.

Cette tentation ne doit pas paraître incroyable. Ne serait-ce que pour l’honneur de ce pays, l’on se réjouirait qu’il se fût trouvé, en effet, dans les conseils supérieurs du gouvernement ou les alentours du pouvoir, beaucoup d’hommes assez sensés, assez sérieux, assez pratiques pour avoir conçu,