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Page:Maurras - Kiel et Tanger - 1914.djvu/126

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kiel et tanger

sait à vue d’œil. Les républicains se rangeaient. Leur meilleur historien fait dire à un préfet juif de cette période que le gouvernement se préoccupait d’aiguiller l’esprit public vers une certaine distinction de goûts et de manières[1]. Ce détail d’attitude et d’équipement exprime en perfection la tendance de l’heure. On allait à un régime aristocratique.

On n’y allait point sans combat, la lueur des bombes révolutionnaires l’atteste. Ces cinq années parlementaires présentent une série d’actions radicales et de réactions modérées, menées les premières par MM. Bourgeois, Peytral, Burdeau, les autres par MM. Ribot et Charles Dupuy, souvent au sein des mêmes cabinets, dits cabinets de concentration républicaine. L’alliance russe se dessinait, et cet événement diplomatique plein de promesses faisait pencher la balance du côté de l’Ordre. Si, d’ailleurs, les outrances de la prédication anarchiste avaient été écoutées avec complaisance, la propagande par le fait selon Ravachol, Vaillant, Émile Henry et Caserio détermina des paniques dont l’opinion la plus modérée profita. On eut des ministres à poigne. Leur action était faite pour les user rapidement, mais l’œuvre subsistait. En sorte que les « gens bien », se trouvant rassurés, prirent le courage d’oser des rêves d’avenir.

Il m’a été parlé, et il m’est arrivé quelquefois

  1. Anatole France : Histoire contemporaine.