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Page:Maurras - Kiel et Tanger - 1914.djvu/135

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avant 1895 : « point d’affaires »

soumirent à la maxime éminemment juste qu’on doit s’abstenir d’essayer ce qu’on n’est point capable de réussir. Un système diplomatique quelconque, un plan général d’action en Europe ou ailleurs, requérait d’abord l’unité et la stabilité, qui n’étaient pas dans leurs moyens ; puis le secret qui leur échappait également ; la possibilité de prendre l’offensive à un moment donné, de supporter sans révolution une défaite ou une victoire, ce qui leur faisait de même défaut. Cela étant ou plutôt rien de cela n’étant, mieux valait se croiser les bras. Si l’on se résignait à perdre sur ce que les rivaux gagneraient dans le même laps de temps, du moins se trouvait-on gardé provisoirement contre les risques d’une fausse manœuvre. On pouvait bien être enferré, mais on ne se jetait toujours pas sur le fer.

Ceux qui ont inventé cette humble sagesse n’ont pas à en être trop fiers. Comme il ne suffit pas de vouloir être en paix pour ne jamais avoir de guerre, il ne saurait suffire de se montrer paresseux et incohérent pour s’épargner la peine de marcher, et de marcher droit : à défaut d’une direction nationale, conçue chez nous et dans notre intérêt, nous continuions à recevoir de Bismarck des directions systématiques, qui ne manquaient ni d’étroitesse, ni de constance, ni de dureté. Un ambassadeur d’Angleterre, lord Lyons, disait en 1887[1] :« Il est inutile de causer à Paris, puisque

  1. Comte de Chaudordy : La France en 1889, p. 230. Le