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Page:Maurras - Kiel et Tanger - 1914.djvu/137

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III

L’ALLIANCE RUSSE

Pourtant, ni les premières expéditions en Asie et en Afrique, où nous entraîna le Gouvernement, ni même la défaite de Boulanger, n’avaient éloigné des mémoires françaises le souvenir de l’Alsace et de la Lorraine. Patriotes et boulangistes avaient passionnément souhaité l’alliance russe, parce qu’ils supposaient que la Russie nous fournirait enfin l’occasion de reparaître sur le Rhin. Mais les vainqueurs du boulangisme avaient aussi un intérêt à conclure cette alliance à condition de la dégager du sens guerrier que lui donnait le pays. On leur fit savoir ou comprendre que l’état d’esprit de Saint-Pétersbourg correspondait à leur volonté de paix absolue.

L’intérêt de la Russie, déjà manifesté en 1875, était bien de ne pas nous laisser attaquer par l’Allemagne. Mais, déjà écartée par Bismarck de Constantinople, repoussée comme nous du centre de l’Europe vers les confins du monde la Russie ne voyait plus dans l’Allemagne ni l’ennemie héréditaire, ni l’ennemie de circonstance. Tout au plus si une offensive résolue de la France aurait pu entraîner la sienne. Germanisée jusqu’aux