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Page:Maurras - Kiel et Tanger - 1914.djvu/139

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l’alliance russe

quant à la masse n’était pas compensée par une organisation qui permît de tirer avantage de nos biens naturels : traditions, culture, lumières. On peut imaginer une France jouant auprès de la Russie le rôle d’éducatrice et de conseillère, en échange duquel l’alliée eût fourni les ressources immenses de sa population et de son territoire. Mais le Gouvernement français n’était pas en mesure d’être centre et d’être cerveau. Notre France n’était plus assez organisée pour rester organisatrice.

Des deux pays, c’était le moins civilisé qui disposait de l’organisation politique la moins imparfaite. C’était nous qui subissions un régime qui convient à peine à des peuples barbares ou tombés en enfance. On médit beaucoup du tzarisme, on peut avoir raison. Mais que l’on se figure la Russie en république : une, indivisible, centralisée ! Ce modèle de l’ataxie, de la paralysie et de la tyrannie serait vite décomposé.

Telle quelle, la Russie peut avoir une politique. Telle quelle, en proie au gouvernement des partis, déséquilibrée, anarchique, la démocratie française ne le peut pas. Elle en était donc condamnée à remplir l’office indigne de satellite du tzar ! La pure ineptie de son statut politique plaçait la fille aînée de la civilisation sous la protection d’un empire à demi inculte, troublé par de profondes secousses ethniques et religieuses, exploité par une cour et par une administration dont la vénalité reste le fléau, depuis le temps où Joseph