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Page:Maurras - Kiel et Tanger - 1914.djvu/14

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viii
préface de la deuxième édition

être par nos défis, a fait accepter ou subir peu à peu le débat qu’ils auraient préféré ne point engager. Ils n’y ont pas brillé. Mais la lutte inégale contre la vérité ne leur aurait valu qu’une ombre de disgrâce vite oubliée, si, onze mois plus tard, la crise d’Agadir n’eût énergiquement rappelé l’attention du côté de nos pronostics. Alors, et alors seulement, non par un libre effort de pensée devant la pensée, mais sous la pression matérielle des faits brutaux, la République, très fidèle aux routines fatales des gouvernements d’opinion, se résigna à s’infléchir dans le sens d’une politique « nouvelle » : son ministère « national » constitué, au bout de six mois de tâtonnement, tenta de démontrer qu’une gestion extérieure républicaine était possible en essayant de la pratiquer.

Après ce silence contraint, après de si faibles réponses, l’effort réformateur ne contenait-il pas le commencement d’un aveu ? On entreprenait du nouveau et l’on devenait national : c’était donc bien que l’ancien système tournait le dos à la nation. Mais qu’imaginer d’autre que la conclusion et l’épigraphe de ce volume quand on constate, en fin de compte, qu’un effort aussi normal, une volonté aussi naturelle, n’ont su, malgré tout, qu’échouer.