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Page:Maurras - Kiel et Tanger - 1914.djvu/153

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du système hanotaux

l’on dit fort bien. Mais à la condition que le sentiment public ne fasse pas corps avec le pouvoir politique. À condition que l’intérêt soit représenté et servi par un pouvoir indépendant de l’opinion. Quant à vouloir poursuivre l’exécution d’une pensée et d’un système politiques sans le concours de l’opinion alors qu’on n’est soi-même qu’un pouvoir républicain, c’est-à-dire un sujet, une créature de l’opinion : le vouloir, c’est vouloir entreprendre un effort immense et consentir d’avance à ce qu’il soit stérile, car c’est en même temps se priver de l’unique moyen dont on ait la disposition.

Ainsi, dès son premier effort systématique, la diplomatie nouvelle se trouva induite à prendre conscience de son incompatibilité de fait avec le gouvernement de la France, lequel était un autre fait. « Manœuvrons temporairement avec l’Allemagne », disait par exemple une certaine idée de l’intérêt national. « Manœuvrons en secret », ajoutaient l’expérience technique et le sens de nos susceptibilités françaises. « Mais », interrompait alors la sagesse politique, « si vous manœuvrez en secret contre le cœur et la pensée de la nation pour vous entendre avec ces Prussiens qu’elle traite en ennemis mortels, vous serez sans soutiens aux premières difficultés qui feront nécessairement un éclat dans ce public dont vous dépendez ».

En effet, l’action de M. Gabriel Hanotaux pouvait bien être patriote dans son intention et dans