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Page:Maurras - Kiel et Tanger - 1914.djvu/152

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kiel et tanger

M. Jules Lemaître, ont aimé cette conception. Je n’ai aucun sujet de contester le patriotisme d’hommes tels que Félix Faure, M. Méline ou M. Hanotaux. Un autre ami de cet accord franco-allemand, M. Ernest Lavisse, avait longtemps prêché dans ses cours de Sorbonne la mémoire pieuse des pays annexés : on se disait tout bas que l’alliance allemande lui apparaissait un détour pour obtenir ou arracher plus tard la suprême restitution.

Or, une Monarchie aurait pu faire ce détour. La Monarchie peut feindre d’ajourner ses meilleurs desseins pour les réaliser en leur temps. La Monarchie française, dont la tradition fut toujours de cheminer du côté de l’Est, aurait pu conclure une alliance provisoire avec l’Allemagne et se réserver l’avenir. Le plus national des gouvernements aurait pu gouverner d’une manière utile et même glorieuse en faisant une violence passagère au sentiment national et en formant une liaison avec les vainqueurs de Sedan : il gouverna ainsi, de 1815 à 1848, avec l’amitié des vainqueurs de Waterloo, contre l’opinion du pays, mais dans l’intérêt du pays, sans avoir eu à renoncer le moins du monde à l’adoucissement des traités de 1815, puisqu’il ne cessa de s’en occuper et qu’il était à la veille d’en obtenir de considérables quand les journées de Juillet vinrent tout annuler par la Révolution.

La politique extérieure n’est pas un sentiment, même national : c’est une affaire, on le dit, et