la soudaine arrivée d’un vaisseau allemand au Maroc[1], le chantage auquel nous cédâmes, la déshonorante cession d’une vaste étendue de territoire colonial ;
le maigre et mol appui de notre amie anglaise ; son intrigue muette et tenace, réglée par le désir de se maintenir à Tanger ; l’énergique défense de la Monarchie espagnole armée du traité secret conclu par M. Delcassé, qui nous coûta toute la longueur du « balcon » marocain sur la Méditerranée avec une bande du pays intérieur d’une profondeur remarquable ;
l’installation de l’Italie en Tripolitaine qui nous valait en Tunisie un voisin gênant et en Méditerranée un rival ambitieux et fier ; la police insolente exercée par le cabinet de Rome jusque sur nos propres valsseaux[2] ;
la guerre des Balkans allumée d’Italie, mais que nous n’avons ni prévue ni utilisée, et (malgré tous les bénéfices éventuels miraculeusement offerts à la France lorsque la Turquie germanisée s’effondra) une telle consécration, un tel accroissement de l’autorité triplicienne que, dès novembre 1912, il fallut constater l’avènement d’une nouvelle puissance maritime en Méditerranée : l’empire allemand[3].