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la fin du systeme hanotaux

cet acte secret, la mission du Congo vers le Nil. Ou c’était folie pure, ou l’entreprise sous-entendait des armements, des constructions, des approvisionnements maritimes réguliers et complets. Notre politique d’alors aurait permis, à la rigueur, de négliger les armées de terre, puisqu’elle escomptait le concours de l’armée russe et de l’armée allemande, mais elle exigeait l’entretien et, au besoin, la réfection de la marine. Précaution d’autant plus nécessaire que le concours de la flotte italienne semblait douteux, depuis que l’Angleterre se l’était assuré par un traité plus fort que l’arrangement triplicien. Ce long ministère modéré et conservateur, couronné d’une présidence plus modérée et plus conservatrice encore, avait donc légué un modèle de négligence maritime à ses successeurs radicaux. Si l’incurie et l’incohérence agressives de M. Camille Pelletan ont pu faire pardonner au public l’incurie et l’incohérence passives de l’équipe antérieure, l’historien ne l’oubliera pas. Une forte marine était supposée dans le dessein conçu et poursuivi dès 1895 et 1896 : or, nous ne l’avions pas à l’été de 1898 !

Comme toujours, alors, sous le poids des choses, sous la pression des circonstances, On essaya d’improviser[1]. Le ministère radical s’efforça de bien

  1. On trouvera un récit de ces improvisations aux appendices III et IV : « Les fonctions propres de l’État », « Mais il faut la violer ».