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Page:Maurras - Kiel et Tanger - 1914.djvu/186

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kiel et tanger

mériter de la patrie en parant tout de suite au plus nécessaire. Notre littoral se hérissa de canons. Les soutes des vaisseaux de guerre se garnirent de combustibles et de munitions. On jeta du charbon dans les postes lointains pour le ravitaillement de nos stationnaires. Ce fut un élan général.

On ne peut s’empêcher d’observer néanmoins que cette ardente réorganisation maritime devait coïncider, par une gageure ironique, avec un changement de front en diplomatie : le ministre nouveau détournait peu à peu sa pointe de notre vieille concurrente maritime ; c’est un ennemi continental que M. Delcassé nous mettait sur le dos. Dès ce moment-là, nous aurions eu besoin d’affermir et de consolider notre armée de terre. Mais, précisément dans les années qui suivirent, on ne travailla qu’à la désorganiser. En 1899, toujours à propos de Dreyfus, qui venait d’être recondamné et qu’il s’agissait de faire absoudre à tout prix, la lutte s’engageait entre l’important service des renseignements, organe de notre défense nationale, et la Sûreté générale, qui ne défendait que la République. En 1900, Waldeck-Rousseau donnait raison aux défenseurs de la République contre les défenseurs de la France : « Le Bureau des renseignements n’existe plus », déclarait-il. Le général André remplaça Galliffet au ministère, les généraux se virent dénoncés par des sous-officiers influents dans les Loges, un vaste service de délation fonctionna. En 1903 et 1904, le ministère de la Guerre donnait