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Page:Maurras - Kiel et Tanger - 1914.djvu/19

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xv
après trois ans

marins en se repliant, sur la Méditerranée, s’étonnent d’avoir à quitter l’Océan. « Où avons-nous perdu la bataille qui explique cette déroute ? »[1] Pareil fléchissement de l’activité et de l’esprit d’entreprise serait tragique. Mais ce n’est pas le sang français qui s’abandonne, c’est notre politique qui est tombée au-dessous de nos forces. Il n’y a pas à la juger ni à la qualifier. Car, proprement, elle n’est pas. Il lui suffirait d’être pour s’épargner d’être en perte à tous les coups. Les calculs de la politique anglaise ont pu varier de valeur, changer de qualité, suivant les hauts et les bas de son heure historique ; du moins continuent-ils à bénéficier des avantages de l’existence. L’entente avec l’Allemagne ne signifie ni pacifisme ni sommeil pour le gouvernement britannique : le Parlement canadien refuse-t-il trois cuirassés qu’elle escomptait, l’Amirauté les fait construire par la métropole.

Au surplus, si, du fait de la mort d’Édouard VII, par les hésitations inséparables d’un nouveau règne et par la mollesse naturelle à un Cabinet radical, il a pu sembler que nous nous étions exagéré le crédit mérité par la diplomatie anglaise, ce faux semblant s’est dissipé depuis que le chef actuel du Foreign Office[2] a pris la direction de la Triple

  1. La question est de M. Larisson, dans Excelsior du 24 juin 1913.
  2. Sur le véritable moteur de la politique extérieure anglaise, je laisse, suivant notre habitude, parler un fonctionnaire républicain, M. Tardieu, au Temps du 25 fé-