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Page:Maurras - Kiel et Tanger - 1914.djvu/191

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l’oscillation de la marine

Un ministre, un grand chef militaire n’y peut garder longtemps sa place sans porter ombrage à l’État. Quant à contrôler des serviteurs successifs, les mieux douées des démocraties y échouent forcément : elles vont de déconvenue en déconvenue, trompées par l’indolence de leurs spécialistes qui se fatiguent, s’usent et se combattent les uns les autres, ou desservies par la compétition, le tumulte et le bruit qui sont le partage des assemblées. Les professionnels s’endorment ou s’entêtent, le peuple, le souverain, n’en peut rien savoir ; et ses représentants, les commissions incompétentes, les rapporteurs ignares, les ministres turbulents et destructeurs le précipitent, dès qu’ils ont le dessus, dans l’abîme du mal contraire !

C’est un réformateur parlementaire, c’est M. de Lanessan, qui, par ses décrets, imposa l’incohérence aux services du ministère et facilita la révolte dans les arsenaux. C’est un autre réformateur, parlementaire, Pelletan, qui prit à tâche de soulever les équipages, d’arrêter les constructions et de distribuer les commandements à la mer d’après les opinions philosophiques et religieuses des officiers. L’attitude de ce ministre échappait complètement aux reproches d’étroitesse ou de routine qu’on adresse aux professionnels : mais il en résulta une épouvantable série d’échouements, de naufrages, d’explosions, d’incendies, d’accidents et des désastres de toutes sortes, effets normaux de la malfaçon, de l’incurie, de la malveillance ou de la trahison. Quand, durant deux années entières, le malheur public éclatant, cet