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Page:Maurras - Kiel et Tanger - 1914.djvu/193

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l’oscillation de la marine

dantes, comparables à des seigneuries féodales ou même aux Grandes Compagnies du xive siècle. En tout bien tout honneur, en tout scrupule de parfaite honnêteté, les professionnels en possession d’état, et par là même très hostiles aux changements et, de leur nature, opposés à tout élément qui n’est pas de leur partie, sont conduits à confondre le bien général avec les avantages de la spécialité qu’ils détiennent ; ils ne conçoivent plus qu’un service, et c’est le leur propre, et nul contrepoids ne leur est opposé que par d’autres coteries analogues, formées quelquefois en factions ou en clientèles : coalitions d’intérêts privés qui peuvent demander par hasard des réformes, mais qui, toutes ensemble, aspirent seulement à maintenir l’abus ou à le déplacer. Dans ce système comme dans l’autre, l’utilité générale cherche en vain son représentant.

Au lendemain du passage de Pelletan, on a dû avouer que cette routine, avec tous ses défauts, reste supérieure à l’immixtion brutale des orateurs et des rapporteurs, cette clique étrangère superposant à des torts purement administratifs tous les vices du désordre politicien. Le vieux bateau conserve un reliquat d’organisation, les bonnes traditions du commandement, ses usages utiles, un esprit de corps précieux. Pauvre musée flottant qui ne peut entreprendre des pointes bien hardies vers la haute mer, mais qu’on pourra garder en rade jusqu’au changement de régime, qui, rendant de nouveau les réformes possibles, lui fournira le moyen de se rajeunir.