Aller au contenu

Page:Maurras - Kiel et Tanger - 1914.djvu/200

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
74
kiel et tanger

tèrent pas que nous avions quelque part une Marine en souffrance ; et cette Marine était en souffrance parce que, en dépit d’une bonne technique professionnelle, elle se trouvait inévitablement livrée à l’inertie de son mouvement routinier : il n’existait aucun mécanisme supérieur de surveillance et de contrôle, aucun organe d’ordre, aucun pouvoir d’irrésistible coercition.

Le contrôle des services d’une marine, services à la fois spéciaux, techniques et militaires, doit, pour être efficace, posséder au plus haut degré la durée, la puissance et la discrétion. Ce sont les vertus mêmes du contrôle royal. L’intérêt monarchique n’est pas de causer un scandale sous le prétexte d’imposer une réforme pour renverser un Cabinet, mais bien de réformmer, en fait, tout en évitant les éclats. Ennemi personnel des préyarications et des négligences, comme de cette impunité qui fait les rechutes, le Roi suit son intérêt et fait son devoir en recherchant le mal, en vue non de l’étaler, mais de l’extirper. Maître de procéder sans aucune publicité, il ne peut être retenu par la crainte de donner une alarme excessive. Aisément prémuni contre les emportements de l’esprit public, il lui est pourtant naturel de presser et de stimuler l’indifférence du pays aux grands objets de politique nationale. Cette opinion publique, il aide à la faire, n’étant pas roi pour suivre, mais pour guider, éclairer et rectifier. Véritable disciple de Louis XIII et de Louis XIV, qui ont fait tout cela avant lui, Guillaume II a su trou-