Aller au contenu

Page:Maurras - Kiel et Tanger - 1914.djvu/199

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
77
une réforme en monarchie

cyclones tutélaires et protecteurs, voilà ce dont la Monarchie est capable.

Nous n’étions pas en monarchie dans les années 1895, 1896, 1897 et 1898[1] : aussi, notre Marine ignorait bien ce que faisaient les Affaires étrangères, et nos Affaires étrangères ne se dou-

  1. Et, hélas ! neuf années après ces années de Fachoda, nous n’étions pas encore en monarchie, et cela s’est bien vu à l’explosion de l’Iéna, en mars 1907 : cent cinquante bons Français, officiers et matelots, ayant été tués ou blessés grièvement dans cette catastrophe, le général de La Rocque, ancien directeur de l’artillerie au ministère de la Marine (1892-1899), a pu écrire à ce propos (Lettre à l’Éclair du 20 mars) : « Les enquêtes contre l’artillerie, les constructions navales, les commandants des navires, prouveront que tout le monde a tort, si elles sont bien conduiles — mais elles ne remédieront pas au mal… Avec un personnel incomparable à tous les degrés et dans tous les corps, avec des ressources financières beaucoup plus que suffisantes, on aboutit à n’être pas en mesure de faire la guerre contre la dernière des puissances maritimes ! Les énormités et le chambardement dont nous avons le triste spectacle, depuis quelques années, sont imputables au régime parlementaire, qui affirme en principe, mais supprime en fait, la responsabilité où elle doit porter tout entière, c’est-à-dire sur les ministres. » — Le général répétait la même pensée en d’autres termes à un envoyé du Temps (24 mars) : « Les coupables sont moins les hommes que le système. Ce système est celui de l’irresponsabiälité. Le désordre en est la conséquence. Nous ne manquons ni d’argent ni de collaborateurs dévoués. Mais nous ne savons utiliser ni l’un ni les autres. »

    Le système peut être défini, celui auquel aucune expérience ne sert de rien ou, pour mieux dire encore, c’est un régime polilique sans mémoire. Précisément parce que « tout le monde » peut s’y mêler de tout, on n’y trouve personne dont le rôle défini soit de pouvoir, de devoir et de savoir se souvenir dans l’intérêt public et en vue de l’action commune.