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Page:Maurras - Kiel et Tanger - 1914.djvu/213

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pourquoi loubet fut magnifique

des tortures symétriques quand il se comparait à M. Hanotaux.

M. Hanotaux aura été le ministre de rêve dont le brillant fantôme exaspéra les envies de son successeur. M. Hanotaux venait de la Carrière, il émanait du quai d’Orsay, M. Hanotaux était un écrivain notoire, un brillant lauréat de l’Université. Les ducs de l’Académie l’avaient choisi pour leur collègue. Et Delcassé se regardait : ancien maître répétiteur, à peine licencié ès lettres, petit secrétaire de rédaction, promu par les hasard honteux de l’élection et de l’intrigue parlementaire. Ces genres d’élévation ne sont plus aussi bien portés au xxe siècle qu’ils le furent au XIXe. Sans doute, la fortune d’un mariage avait un peu pansé ces plaies. Elle y ajoutait un nouveau germe d’irritation : deux amours-propres,

    roi était si fatigué que ses yeux se fermaient malgré lui. « Pincez-moi, me disait-il, pincez-moi ou je dors ! » Et je le pinçais et je murmurais à son oreille ; « Sire, saluez à droite, saluez à gauche ! » Il saluait, il souriait automatiquement. Le bon peuple était enchanté. » Amené à parler de l’empereur d’Allemagne, M. Loubet déclare qu’il eût accepté volontiers une entrevue avec lui.

    « Cette entrevue était presque décidée, et il était convenu que la flotte allemande et la flotte française s’aborderaient. M. Loubet accepta l’initiative d’une visite que Guillaume II, aussitôt après, lui aurait rendue. L’impatience, le mouvement de vivacité de l’empereur, son brusque départ, firent avorter ce projet. M. Loubet le regrette. Il eût souhaité que sa présidence dénouât toutes les difficultés, adoucit toutes les querelles et fût en quelque sorte une apothéose de la paix. » (Reproduit par l’Action française du 26 décembre 1909, d’après la traduction du Temps.)