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Page:Maurras - Kiel et Tanger - 1914.djvu/215

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XIV

LA DIPLOMATIE SPÉCULATIVE

L’explication par l’amour-propre des personnes a besoin d’être complétée si l’on veut se rendre compte de tous les faits.

Pour que des hommes mûrs, et qui n’étaient pas plus bêtes que d’autres, aient pu se laisser entraîner et dominer par une passion de petite-maîtresse, il faut qu’ils se soient crus à l’abri de bien des dangers. Un abandon facile, un consentement prolongé à de telles faiblesses, montrent bien qu’ils avaient le sentiment profond de ne rien risquer. Tous les deux ont joui certainement d’une grande sécurité d’esprit depuis les premiers jours de la présidence Loubet jusqu’au printemps de 1905. Ils ont vécu ce laps de temps dans l’intime persuasion que tout était permis, qu’il ne pouvait rien arriver.

L’Europe leur semblait inerte. Ils croyaient que nulle manœuvre diplomatique n’aboutirait jamais à la mettre en mouvement. À part les clauses purement commerciales, tout ce qu’ils signaient et contresignaient à tour de bras, sous le titre pompeux d’accords, d’alliances, d’ententes et d’amitiés, signifiait pour eux un avantage de parade, un sacrifice de façade ; ils n’y