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Page:Maurras - Kiel et Tanger - 1914.djvu/216

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kiel et tanger

voyaient que des exercices de protocole où chaque nation étalait, comme ils croyaient devoir le faire au nom de la France, le souci de briller pour tenir son rang. Les conventions militaires elles-mêmes ne semblaient devoir conserver de valeur que sur le papier. En s’accumulant, ces « papiers », simples signes ou signes de signes, allaient être affectés d’un coefficient d’importance plus ou moins fort, se compenser ou non, s’équilibrer ou non, à la cote européenne et américaine : dans la réalité des choses, il n’en serait ni plus ni moins que ce que l’opinion de l’Ancien ou du Nouveau Monde en voudrait opiner. Le plus faible ou celui que l’on estimerait tel, pourrait subsister, et fort bien, dans la pire faiblesse, s’il avait pris ses précautions économiques et financières. Dans l’ordre politique pur, tout ce qui se ferait serait fait « pour rire », comme on dit avec les enfants, en manière de jeu. Beau jeu fastueux et brillant, mais sans péril, bien que les intérêts les plus graves y fussent mêlés : personne n’en doutait dans le monde officiel. La diplomatie n’était qu’un théâtre, armes en carton-pâte et foudres imités par des roulements de tambour.

Sur cette hypothèse admise de tous, l’on persévéra donc à nous aventurer dans le courant des grandes tractations internationales, Toute la destinée française y fut lancée avec le même sentiment que ces spéculateurs qui trafiquent en Bourse sur des denrées inexistantes : l’objet des