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Page:Maurras - Kiel et Tanger - 1914.djvu/223

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XV

LE RÉALISME UNIVERSEL

MM. Delcassé et Loubet avaient oublié d’ouvrir les yeux sur leur époque. Ils ressassaient Henri Martin, Hugo et M. Thiers, mais connaissaient bien mal ces États modernes, gérés comme des métairies, où rien n’est avancé pour rien, où, si l’on met un germe en terre, l’on a déjà dressé le compte approximatif de son rendement. Les affaires, étant les affaires, sont traitées fort pratiquement. Face à notre diplomatie qui, après avoir dormi si longtemps, rêvait tout éveillée et se livrait au souffle de spéculations sans terme ni objet, l’Univers entier s’organisait pour l’action : jamais peut-être ces actions de politique étrangère, l’immixtion des peuples dans les affaires de leurs voisins, les luttes d’influences, les rivalités de production et d’échange, n’ont été poussées autour de nous aussi ardemment que dans la période de République radicale qui va de 1898 à 1905.

Dès la constitution du cabinet, quand M. Delcassé succéda à M. Gabriel Hanotaux, l’oligarchie ploutocratique des États-Unis commençait ses opérations contre les escadres et les armées de l’Espagne enfermées dans Cuba. Cette guerre finit en août, mais, sur l’heure, recommença autour