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Page:Maurras - Kiel et Tanger - 1914.djvu/224

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kiel et tanger

des tables diplomatiques, par des procédés d’intimidation brutale qui aboutirent à ce dur traité de Paris dont le texte définitif aggrava les préliminaires : en quelques mois de pourparlers, sans avoir tiré un nouveau coup de canon, l’Amérique avait annexé les Philippines et les archipels circonvoisins…

À Mac-Kinley succédait M. Roosevelt, c’est-à-dire qu’au protectionnisme et au nationalisme s’ajoutait un impérialisme exalté. Telle est du reste la tendance commune à tous les peuples qui ont constitué leur puissance et leur unité dans le siècle passé. Si le xxe siècle les trouve préoccupés de s’armer, ce n’est plus pour devenir indépendants des autres, mais pour placer les autres sous une domination de fait ou de nom. Il ne s’agit plus de défendre ou d’exister, mais de primer et de régner. Pangermanisme, panslavisme, union du monde anglo-saxon[1], voilà les formules qui courent. L’Angleterre, qui a été la première à pratiquer, sans aucun égard à l’Europe, une sournoise politique de strict intérêt national, ne cherche plus du tout à la déguiser. Elle avoue et la proclame, afin d’ajouter aux immenses ressources matérielles de son gouvernement le précieux facteur moral des suffrages de l’opinion, puisque l’opinion de l’âge nouveau préfère hautement le cynisme guerrier à l’hypocrisie pacifiste. L’Angleterre s’était dite strictement libre-échangiste, libérale et même

  1. Le terme par lequel on désigne cette union est significatif : Ligue de « ceux qui parlent anglais ».