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Page:Maurras - Kiel et Tanger - 1914.djvu/229

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le réalisme universel

rivales. Tous deux doivent se dire qu’il faudrait, d’ici peu de temps, régulariser la situation de ce pays étrange et savoir à quoi s’en tenir sur ga vigueur et ses desseins. On s’est habitué à songer que le roi d’Angleterre veut reprendre son ancien titre de roi de France. Mais l’Allemagne a la même envie que l’Angleterre : elle veut que la France devienne pour elle un de ces alliés certains qui sont de vrais sujets. Si nous nous flattions de pouvoir vivre d’une autre manière, une nouvelle grande guerre aurait mission de nous révéler cette erreur, Si donc cette guerre n’est pas indispensable, elle peut avoir son utilité. On exagère quand on affirme que la menace anglaise fut l’unique mobile de la querelle que nous a faite l’Allemand. L’intérêt allemand est en jeu d’une manière plus directe. L’Allemagne s’accommoderait de la domesticité de la France, mais elle sait ne pouvoir compter sur un service sérieux et sûr avant de nous avoir liés par un traité plus dur que celui de Francfort. Telle est du moins l’opinion de beaucoup d’Allemands, qui sont en force dans leur pays.

Si en effet, comme on l’assure quelquefois, Berlin voulait sincèrement briguer notre amitié et notre complaisance, si l’on y souhaitait vraiment une alliance véritable contre l’Angleterre et si toutes ces choses avaient vraiment pour l’Allemagne un intérêt aussi décisif et aussi profond qu’on veut bien le dire à Paris, Berlin devinerait à quel prix une sérieuse « amitié française » pourrait être scellée.