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Page:Maurras - Kiel et Tanger - 1914.djvu/228

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kiel et tanger

même en république, même démunis d’un gouverment durable, prévoyant et fort, tant que l’outillage industriel et l’organisation militaire de notre pays conserveront quelque valeur, nous jouirons d’un degré d’autonomie qui nous épargnera les formes explicites de vassalité qui seraient dangereuses pour nos dominateurs parce qu’elles pourraient susciter chez nous un réveil national. À condition d’être discrets, nous pourrons ainsi nous garder en temps de paix d’une tentative d’Empire germano-franc ou anglo-celte. Mais, étant encore assez bas pour obéir sans discuter, nous ne sommes plus assez haut pour prévenir l’ambition ou la volonté de nous donner des ordres.

L’ambassadeur qui représenta notre France aux obsèques récentes du roi de Danemark exprimait à un journaliste une satisfaction presque naïve de ce que « nous avions été traités comme une très grande puissance. » En effet, telle quelle, cette France peut encore gêner considérablement. Sans renouveler nos luttes d’influence contre le Saint-Empire ni reprendre l’épée de François Ier contre la couronne et le globe de Charles-Quint, sans recommencer Richelieu, une France républicaine peut se rappeler de temps à autre ce qu’elle fut, dire un « non » ou un « demi-non », créer ainsi des difficultés au roi d’Angleterre ou valoir des désagréments à son cousin d’Allemagne. Sans que notre concours puisse rendre de services décisifs à aucun des antagonistes, notre abstention pourra les troubler vivement. De là les convoitises