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Page:Maurras - Kiel et Tanger - 1914.djvu/234

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XVI

LE PRÉCÉDENT NOUS ENGAGEAIT

Dans ces conditions du réalisme rigoureux commun à la politique de tous les peuples, on voit qu’il sera juste de ne pas outrer les responsabilités du président Loubet et de ses ministres : l’œuvre de leurs prédécesseurs devait agir en eux et comme à travers eux bien plus qu’ils n’agirent eux-mêmes.

Supposons en effet que M. Émile Loubet n’eût pas été sournoisement, profondément, un glorieux, épris d’ostentation et de pompe vaine, et que le Vieux Parti républicain n’eût pas ressenti le besoin d’égaler en faste européen ses jeunes concurrents de 1895. Supposons également que M. Delcassé ne se soit pas laissé prendre aux figures brillantes de la diplomatie et qu’ayant reconnu sous le décor spécieux les menaces distinctes, les dangers définis, il eût calculé de sang-froid la date incertaine mais inévitable des échéances : toute la sagesse du monde n’aurait pourtant guère changé la situation que la République conservatrice avait léguée à Ia République radicale. Celle-ci était grevée d’une forte charge, et le plan Hanotaux avait créé, du fait qu’il avait été mis en service, un précédent qui engageait.