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Page:Maurras - Kiel et Tanger - 1914.djvu/235

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le précédent nous engageait

Plus de jugement, d’attention et de vigilance, un esprit plus libre aurait, à la rigueur, pu sauver des hommes fermement décidés à résoudre et à liquider ce passif. Mais, tel qu’il s’imposait au gouvernement radical, le problème n’en demeurait pas moins d’une difficulté immense. Ses données les plus dures résultaient de l’effet des démarches antérieures faites hors du pays et indépendamment de la volonté du pays. Nous pouvions bien vouloir nous arrêter ; mais au loin, les conséquences de nos actes ne s’arrêtaient pas.

On s’est beaucoup plaint, par la suite, que l’Étranger se soit mêlé de nos affaires ; eh ! ne venions-nous pas de nous mêler, en imagination tout au moins, des affaires de l’étranger ? Pour la première fois depuis vingt-cinq ans, l’Étranger nous avait vus sérieusement occupés hors de nos foyers. Cela donnait de la France une idée nouvelle. Émanant d’un État qui rompait sa clôture, nos initiatives et nos entreprises récentes nous avaient introduits, forcément, dans bien des calculs : telle combinaison dans laquelle, dix ans plus tôt, aux époques du « repliement » et du « recueillement », personne n’eût jamais imaginé de nous convier, devenait tout à fait naturelle et plausible, l’on n’hésitait que sur les conditions et le degré du concours à nous demander ; le nom français réveillait ces espérances ou ces craintes que n’avaient jamais fait concevoir l’apathie, l’indétermination et la silencieuse inertie d’autrefois. Certes, nos radicaux ne pensaient