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le précédent nous engageait

tout esprit d’alliance avec leur vainqueur. Londres s’était inquiété de simples manœuvres de chancellerie. Or, elles devenaient tout à fait sérieuses du moment que l’oubli de 70 survenait. N’en avait-on pas une preuve nouvelle dans le fait qu’un combattant de 70 pouvait faire accepter ses ordres en allemand à nos officiers et à nos soldats ? Sans une haine invétérée des deux grands peuples continentaux, il n’est point de sécurité pour l’île bretonne. Que cette haine pût s’éteindre, qu’on fût si près de l’oublier, c’était une révolution dans l’état de l’Europe.

Telle est la raison de la vigueur des pressions de l’Angleterre. C’est pourquoi la chute de M. Hanotaux et son remplacement par M. Delcassé n’avaient donné qu’une demi-satisfaction. Car les ministres vont et viennent. Elle désirait plus que ces résultats transitoires. Le nouveau ministère ne comptait à ses yeux que pour les garanties qu’il pourrait souscrire. Ces garanties, ces promesses bien définies, M. Hanotaux les avait accordées à l’Allemagne : M. Delcassé devait en fournir d’équivalentes à quiconque hériterait de notre amitié. La diplomatie de la France était prise dans l’engrenage. L’idée du roi n’était pas d’arrêter le mouvement, mais de le renverser à son profit sans nous laisser le temps de nous dégager. À la coalition de 1895, dont Guillaume II s’était fait le cerveau et le cœur, Édouard VII, encore simple prince de Galles, rêvait de substituer une coalition contraire dont Guillaume serait la proie