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Page:Maurras - Kiel et Tanger - 1914.djvu/247

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le pouvoir du roi d’angleterre

Depuis, le cabinet Saint-James a trouvé une base d’opérations favorable à son influence dans notre système de discussion et de division constitutionnelles où l’intervention périodique de l’Étranger paraît une clause arrêtée et convenue d’avance. Mais les Anglais ont connu en France un autre bonheur, celui-ci composé en partie de nos propres mains comme pour leur donner de nouveaux moyens de nous gouverner. Ce fut la politique coloniale. Quand Bismarck nous jeta dans cette aventure, le gouvernement anglais ne fit guère qu’une opposition de grimace et d’humeur : car ces expéditions tapageuses donnaient à l’Angleterre une large prise sur nous, prise qui devenait d’autant plus importante et sérieuse que se multipliaient nos succès au-delà des mers. Il n’en pouvait être autrement en raison de la manière dont ces entreprises s’étaient conduites.

La vieille France a connu les revers maritimes et coloniaux. Il nous est arrivé de perdre à la fois l’Inde et l’Amérique. Pourtant les malheurs d’alors différèrent des erreurs d’aujourd’hui en ce que nos fautes de jadis, si nombreuses qu’elles aient été, montrent, dans leur ensemble, beaucoup moins d’imprévoyance et d’absurdité. Ce premier développement colonial avait été uni intimement à la naissance et aux progrès de notre marine ; marine et colonies déclinèrent en même temps, par suite de la même incurie passagère ; mais leurs décadences simultanées rendent du moins un témoignage du sens pratique et