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Page:Maurras - Kiel et Tanger - 1914.djvu/248

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kiel et tanger

du bon sens des Français d’autrefois. Lorsque nos pères négligeaient leur marine, ils ne prétendaient pas s’intéresser à leurs colonies. Ils savaient qu’on ne traverse pas la mer à pied sec et que, si l’on part pour les îles, il faut posséder quelque moyen d’en revenir. La renaissance coloniale était subordonnée pour eux à la renaissance maritime : quand il voulut prendre sa revanèhe des traités de Paris, le successeur de Louis XV, qui n’était pourtant que Louis XVI, commença par construire de bons vaisseaux.

Là République aura changé tout cela. Elle s’est annexé les îles et les presqu’îles, elle a créé sur tous les rivages des dépôts, des stations, des forts et des bureaux. Les colonies anciennes, comme le Sénégal, se sont agrandies à perte de vue. La Tunisie s’est ajoutée à l’Algérie. Le groupe de la Réunion, de Nossi-Bé et de Mayotte, s’est accru de l’immensité de Madagascar. L’Afrique nous a vus renonter les fleuves, cerner les lacs, envahir les déserts et les marécages. Mais, quant aux moyens d’assurer les communications de toutes ces contrées avec la mère-patrie, seule capable d’y maintenir le drapeau, cette affaire primordiale, cette condition de toutes les autres n’a jamais occupé que secondairement nos hommes d’État. Le cas de M. Hanotaux et de ses collègues de 1895 n’est pas isolé. On s’est habitué à posséder des colonies sans disposer d’une marine !

De temps en temps, un publiciste où un mi-