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Page:Maurras - Kiel et Tanger - 1914.djvu/253

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le pouvoir du roi d’angleterre

points de l’Afrique, ont amélioré l’ingrate matière et stimulé les populations. Tout cela a grandi et, sinon prospéré, du moins reçu un fort tour de charrue. Une grande richesse a été ajoutée, de main d’homme, d’homme blanc, noir ou jaune, sous la direction de la France, à l’état primitif du Tonkin, du Congo et de Madagascar. Le peuple de proie qui voudra nous les ravir ne perdra ni l’or, ni le fer, ni le sang qu’il y versera, car il y trouvera mieux qu’une terre vierge : un pays jeune et le vieux fruit des expériences et des entreprises de l’ancien monde. Ce qu’on nous laissait conquérir voilà vingt ans valait bien peu. Ce qu’on peut conquérir sur nous a déjà son prix, qui augmente de plus en plus.

Donc, par les colonies de la troisième République, la France s’est rendue merveilleusement vulnérable. On a bien soutenu que leur perte ne lui infligerait qu’un dommage moral. Faut-il compter pour rien l’évanouissement de ces vingt ans d’efforts militaires, administratifs et privés ?

Or, et surtout depuis qu’elle a le Japon pour doublure, il est au pouvoir de l’Angleterre de nous infliger ce malheur. Rien ne saurait l’en empêcher, notre défense coloniale n’existant pas. Les fameuses réorganisations maritimes dont les programmes se sont succédé n’ont jamais été qu’un mot. Et maintenant on n’ose même plus redire ce mot. Sous la Monarchie, on posait comme règle que la France devait tenir une marine « supérieure à toutes ensemble, celle de l’Anglais exceptée ».