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Page:Maurras - Kiel et Tanger - 1914.djvu/254

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kiel et tanger

En 1878, le rapport Lamy disait encore qu’il n’y avait pas « de sécurité pour elle » si elle ne se rendait « capable de tenir tête à la coalition de deux « flottes », celles des puissances qui viennent immédiatement après nous. En 1905, la seule marine allemande était considérée comme équivalente à la nôtre. Elle nous a dépassés depuis ; comme on l’a vu déjà, deux autres puissances en ont fait autant ; le dernier rapport sur le budget de la marine ne nous propose plus que de tenir tête à l’Autriche et à l’Italie en Méditerranée, et l’on ne peut même plus affirmer intrépidement, comme en 1898, que nos équipages « sauraient mourir », car l’indiscipline est moins générale encore dans l’armée de terre qu’à bord de nos bâtiments.

J’ai vu des ivrognes tracer d’un doigt humide, sur une table de café, le rapide moyen d’en finir avec l’Angleterre. Notre corps d’armée tunisien longe le rivage de la Tripolitaine et prend l’Égypte à revers. Nos troupes d’Algérie traversent le Sahara, ramassent les postes du Soudan et du Sénégal, violent le Congo belge et, prenant au pas de course le continent noir dans sa longueur démesurée, tombent, sans coup férir, sur le cap de Bonne-Espérance. Enfin une armée russe, à travers le Thibet et l’Himalaya, vient fraterniser sur le Gange avec les garnisons françaises de l’Indo-Chine. Cela est d’une facilité lumineuse. Je n’oserais pas affirmer qu’au pavillon de Flore ou à la rue Royale on n’eût