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Page:Maurras - Kiel et Tanger - 1914.djvu/271

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le plan delcassé

ne pouvons plus coloniser contre l’Angleterre ni sans elle ; colonisons donc avec elle. Tout entier, il se déduit de cette idée-là.

Le ministre espérait des « pénétrations pacifiques » mais rapides qui enrichiraient un certain nombre de ses amis. Mais il ne croyait pas ni il ne voulait croire à l’échéance guerrière désirée par Édouard VII : il s’arrêtait à peine à l’idée qui aurait fait bondir d’espérance et de joie tout autre homme d’État français, celle d’une vraie guerre entre Londres et Berlin. C’est pour l’aisance du discours que l’on nomme le plan Delcassé « anti-allemand ». Tout au fond, M. Delcassé ne tenait pas compte de l’Allemagne. Il considérait que tous ses calculs pouvaient subsister en faisant abstraction de la plus puissante monarchie du continent. L’idée d’une intervention allemande dans le nouveau mariage anglo-français n’était pas au nombre des combinaisons qui eussent le bonheur de l’intéresser.

Plusieurs raisons de cet état d’esprit bizarre ont été avancées. Y eut-il une sorte de rivalité de métier entre l’empereur et M. Delcassé, le premier grand amateur de diplomatie et de paix, négociateur inlassable en mainte circonstance où n’importe lequel de ses aïeux eût tiré le glaive, le second plus novice mais d’autant plus enragé à ce noble jeu ? On va jusqu’à parler d’une querelle d’homme à homme[1], En fait, M. Théophile

  1. M. Delcassé eut, assure-t-on, le tort, dans les couloirs