₹Delcassé estima Guillaume II, comme le font certains esprits en France, agité et agitateur sans surface, capable de manifestations, de paroles et de gestes, mais ceci et cela sans suite ni portée[1].
- ↑ Les jugements les plus contradictoires ont été portés,
en effet, sur l’empereur Guillaume II. L’historique en
serait piquant. Depuis l’académicien Jules Simon (confit
de béatitude au souvenir des questions dont Sa Majesté
le pressait si curieusement sur le verbe français « godailler »,
qu’Elle avait employé par mégarde, et qu’il avait osé, en
s’en excusant, relever), jusqu’à la belle dame amie de Picquart,
qui, en 1898 ou 1899, alla, flanquée d’un lieutenant
de cavalerie, demander à l’empereur si, oui ou non, Dreyfus
lui avait livré nos secrets, il y aurait à signaler des
entreprises d’admiration, de sympathie, d’enthousiasme
absolument insoupçonnées du grand public. Je n’en dirai
que ce trait : un écrivain, d’abord sous son nom de citoyen
et de fonctionnaire français, puis, comme pris de pudeur,
sous un pseudonyme, a très sérieusement, et presque sans
y mettre aucune fantaisie, proposé Guillaume II pour
roi ou empereur à l’acceptation, à l’acclamation de la
France. L’offre n’a pas eu lieu dans une revue juive
ni dans une publication anarchiste : elle s’est reproduite
en deux périodiques, dont l’un très honorable, l’autre si
droit, si honnête et si pur que le nom de vertueux lui
conviendrait parfaitement. Notons que l’extrême niaiserie
du langage ôtait de l’importance à cette insanité. Consultez
là-dessus le Mercure de France de novembre 1904 et
la Coopération des Idées d’avril 1905.
En revanche, des esprits amers et perspicaces, comme Drumont, se sont toujours montrés extrêmement durs pour la personne de Guillaume II. Ils lui ont surtout repro-
des Chambres, d’exprimer trop librement son opinion sur la politique allemande et sur l’empereur lui-même. — Quand on apprit la démission de M. Delcassé, l’empereur, qui se trouvait à une manœuvre militaire à côté du général de Lacroix, envoyé en mission spéciale pour le mariage du Kronprinz, lui dit tout à coup : Il est parti… Il c’était M. Delcassé. » André Tardieu, La Conférence d’Algésiras.