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Page:Maurras - Kiel et Tanger - 1914.djvu/287

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XXI

« HUMILIATION SANS PRÉCÉDENT » ET
« CHOSE UNIQUE DANS L’HISTOIRE » :
DE MARS À JUIN 1905.

Non, certes, ce qu’on poursuivait n’était pas la Revanche. Non, l’on ne voulait pas attaquer l’Allemagne. Mais, comme un somnambule, on suivait des chemins dans lesquels on devait nécessairement, la rencontrer, armée. Nous ne la visions pas, mais elle se voyait visée par l’Angleterre, qui nous conduisait par la main. Or, en mars 1905, la grossière parole de M. Maurice Rouvier n’était pas sans justesse : il y avait quelque chose de changé en Europe, il y avait « Moukden ». Le flanc oriental de l’Empire allemand était affranchi de toute menace russe.

Peut-être, après les premières défaites asiatiques et dès le milieu de l’année précédente, dès Lyao-Yang, en septembre 1904, eût-il été facile à un ministre des Affaires étrangères français de prévoir ce péril. Des esprits politiques auraient pris garde à ce nouvel élément pour en parer les conséquences. Mais, M. Delcassé, n’ayant rien su la veille de l’ouverture des hostilités russo-japonaises ne se fit une idée nette ni du cours que prenait