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Page:Maurras - Kiel et Tanger - 1914.djvu/30

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préface de la deuxième édition

disait au Sénat, en des termes volontairement adoucis, que la presse étouffa encore :

« Votre responsabilité, Monsieur le ministre, est entière ; et si par malheur l’infériorité de notre artillerie conduisait la France, je ne dirai pas à des désastres, car je ne crois pas que des choses accessoires entraînent de grands effets, mais à quelques revers, si elle avait pour conséquence de faire verser à notre infanterie un sang inutile, vous en auriez la responsabilité complète… »

À quatre ans de distance, revenant avec plus de clarté sur cette gestion funeste, le Temps accusait M. Picquart d’avoir « préparé la défaite ». Ces négligences militaires se produisaient moins de neuf mois après les événements d’octobre 1908, où l’on vient de voir que nous n’étions pas « assurés militairement ». Avec la même insouciance, tout allait à vau-l’eau partout.

En matière d’excuse, pouvait-on invoquer le ralentissement ou la stagnation de l’effort ennemi ? Mais, sur des témoignages qu’on ne peut suspecter (celui, notamment, du président du Conseil des ministres d’alors, redevenu simple journaliste comme nous, M. Clemenceau[1], et de M. André Lefèvre, député radical[2]), l’Allemagne a fait depuis trente ans un « colossal effort », qui annonce (en regard de « la faiblesse », de la

  1. Les textes qui suivent sont tirés d’un article de M. Clemenceau, l’Homme libre du 8 juin 1913.
  2. Journal Officiel du 6 juin 1913.