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Page:Maurras - Kiel et Tanger - 1914.djvu/313

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le retour à l’inertie

ceux que nous prenons pour tels. Le malheur de ne plus posséder qu’une milice de second ordre sera qualifié de mauvais prétexte évident. Milice ou armée, l’Angleterre ne nous demande qu’une chose : de nous faire envahir, et nous le ferons. Nous ferons cette basse guerre de mercenaires où nul sacrifice des hommes ne sera payé en avantages pour la patrie ; nous la ferons, en très grande partie, par un réflexe automatique qui aura découlé, comme ce qui précède, des excellentes positions que nous aura fait occuper notre seigneur, exploiteur et tuteur anglais. Elles suffisent à répondre de notre conduite.

Cette union de fait ne ressemble guère à une alliance dans laquelle on voit deux États contracter pour se mouvoir ensemble. Ici l’un est moteur, l’autre est simple mobile et simple protégé. L’utilité pratique d’une entente équitable avec l’Angleterre consistait à n’être pas gênés sur la mer, de manière à garder tous les moyens de manœuvrer sur le continent. Mais cette utilité s’évanouit pour un régime découragé et décomposé qui, se sentant incapable de bonne manœuvre, fait retour au premier état de neutralité. La République ne manœuvre plus, mais sera manœuvrée et manipulée par un cabinet étranger. Elle ne fera plus ni combinaisons ni systèmes, mais elle sera d’un système et d’une combinaison : système anglais, combinaison dont la mise en train et la direction lui échappent. L’inaction la plus complète va donc continuer à signifier, de sa part, le