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Page:Maurras - Kiel et Tanger - 1914.djvu/329

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nous pourrions manœuvrer

d’un État de grandeur moyenne, de constitution robuste et ferme comme la nôtre. Parce qu’elle doit rester puissamment agricole, la France peut apporter quelque mesure au développement industriel ; elle n’en est point serve. Elle peut se développer et s’enrichir sur place presque indéfiniment, parce qu’elle dispose des plus belles terres d’Europe, qui sont encore bien loin d’être mises en valeur comme il conviendrait. Une politique favorable à nos dix-huit millions de ruraux, dont beaucoup sont propriétaires, nous concentrerait fortement dans le domaine de nos rois, et le péril d’être touché par le mouvement de désintégration universelle serait prévenu sans difficulté par un octroi spontané de larges libertés locales. Économiquement et politiquement, par l’agriculture et par la décentralisation, nous composerions l’État le plus uni, en même temps que le plus souple et le plus autonome de l’Europe. Tout fâclieux abus de politique impériale et coloniale nous serait interdit par cette heureuse constitution qui ouvrirait la voie à la plus belle, à la plus active, à la plus fructueuse des politiques d’influence, car notre roi, maître absolu de son armée, de sa marine et de sa diplomatie, jouirait de l’indépendance nécessaire pour guetter, chez autrui, l’inévitable excès de la politique orgueilleuse à laquelle les Allemands, les Russes, les Anglais et les Américains ne peuvent désormais échapper.

Cette période de guet, d’affût et de véritable