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Page:Maurras - Kiel et Tanger - 1914.djvu/330

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kiel et tanger

recueillement pourrait être employée à un travail souterrain de correspondance, d’entente et d’organisation, pratiqué parmi les peuples de puissance secondaire, parmi les demi-faibles, affamés d’une sécurité moins précaire, aspirant à une existence mieux garantie[1]. Chacun d’eux ne peut rien. Simplement coalisés, ils ne peuvent pas beaucoup plus, étant séparés l’un de l’autre par de trop grandes diversités d’intérêt. Une ligue à vingt têtes n’aurait au juste aucune tête. Il y faut une tête unique et puissante pourvu que sa puissance ne soit pas un effroi. Il y faut la tête d’une France bien ordonnée, c’est-à-dire couronnée par un roi de France. Pour fournir un réel service, cette France doit représenter l’alliance d’un État fort, complet, capable de présider avec une impartiale majesté le Conseil de ses alliés et de ses clients, en mesure de faire exécuter les décisions communes et de donner des avis compris avec rapidité, tout en se défendant avec le plus grand

  1. Inutile de rappeler que telle était la tradition de l’ancien régime, si remarquablement sanctionné par les aveux du Comité du Salut public dans le rapport à l’arrêté du 14 octobre 1794. « Le système des traités de Westphalie », dit excellemment Albert Sorel, « fonde la suprématie de la France sur la clientèle des États moyens. » Il faut relire toute cette forte page de l’Europe et la Révolution française, t. I, l. II, ch. I, X, p. 311 et page 314, le résumé de la pensée de Vergennes : « Groupant autour de vous les États secondaires qu’elle (la France) protège, leur intérêt lui garantira leur alliance, et elle sera à la tête d’une coalition défensive assez forte pour faire reculer tous les ambitieux », etc.