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Page:Maurras - Kiel et Tanger - 1914.djvu/356

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kiel et tanger

En revanche, l’avenir de l’État n’obsède, n’occupe spécialement personne : pour tout ce qui est de haut intérêt, d’ordre national, tous nos textes constitutionnels s’accordent à établir « un minimum de gouvernement ». Et cela peut encore aller tant que l’État n’a point d’histoires sur les bras et tant que les autres États ne lui font sentir ni leur existence ni leurs exigences. Mais, s’écrie l’analyste Hanotaux, « qu’arriverait-il soit dans la paix, soit dans la guerre, si soudain tous les ressorts de la nation devaient être tendus en un effort suprême pour courir à la frontière ou sauver l’âme du pays ? » M. Hanotaux se résume en marge du livre par ces mots : « Quid ? en temps de crise ? » Eh ! oui, quid dans ces temps de crise que notre politique extérieure, par sa direction même, tend à rapprocher, sinon à précipiter ? Quid en cas d’invasion ? Quid en cas de révolution ? C’est le cas de le demander, Quid et Quid ? Où donnera-t-on de la tête et que fera-t-on ?

Nul ne veut poser la question. Au contraire, cette grave question politique est écartée comme suspecte. Ceux qui l’écartent s’évertuent, en outre, à discréditer ceux qui l’articulent. Comme à la veille de 1870, quand l’opinion démocratique revenait à la vieille chimère du pacifisme désarmé, les modérés ne se montrent pas plus sages que les révolutionnaires. Soit qu’ils assurent, comme M. Ribot au Sénat, que « les grandes luttes politiques vont pour le moment finir » et qu’il