qui organisait définitivement la laïcité de l’enseignement prirnaire. Mgr Freppel les avait soutenues avec éclat ; chacun de nous avait, à ses côtés, besogné de son mieux. Nos adversaires, M. Goblet lui-même avait ardemment poussé le combat. Mais, à la première nouvelle de la demande de crédits, toute autre préoccupatlon disparut des esprits : on entoura le président du Conseil, en lui demandant toute la vérité.
M. Goblet, calme et maîtrisant son ordinaire impétuosité, nous déclara nettement que les circonstances étaient graves et qu’il faisait appel au patriotisme de tous pour que les crédits fussent votés sans débat. Ce fut assez.
« On rentra en séance. En un moment, les bancs furent garnis. Les tribunes étaient pleines, la loge diplomatique au grand complet : le silence de cette foule remplissait la salle d’une poignante émotion. Le président Floquet se leva, tenant dans ses mains, qui tremblaient un peu, le cahier des crédits. Sa voix résonna, seule et grave. Après le premier chapitre, lorsqu’il dit : Quelqu’un demande-t-il la parole ? le silence retomba lourdement. Alors vinrent les mots sacramentels : Que ceux qui sont d’avis d’adopter le chapitre premier veuillent bien lever la main !
« Aussitôt, cinq cents bras se dressèrent ensemble avec un bruissement sourd : je vois encore Mgr Freppel, à côté de moi, jetant en l’air, d’un élan saccadé, comme pour un mouvement du maniement d’armes, sa main largement ouverte : le feu de la Revanche était dans ses yeux[1]. Ce fut ainsi, avec une régularité toujours plus saisissante, après
- ↑ On a récemment publié une lettre de Mgr Freppel au pape Léon XIII, qu’il priait d’intervenir auprès de l’empereur Guillaume II, pour obtenir la rétrocession de l’Alsace-Lorraine contre indemnité.