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Page:Maurras - Kiel et Tanger - 1914.djvu/368

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appendices

çais pouvait atermoyer tant qu’elle était bien sûre de ne pas renoncer. Les arrière-pensées se traduisaient avec une clarté particulière toutes les fois qu’on discutait au Parlement les crédits de la défense nationale. La dette étant sacrée, on lui votait le nécessaire à l’unanimité. M. de Mun a raconté une séance de l’ère boulangiste où, seize années après le traité de Francfort, le sentiment national se révéla intact et pur comme au lendemain de la guerre :

« Le 8 février 1887 fut, dans les annales parlementaires, une journée mémorable. Aucun discours n’y fut prononcé ; nulle séance, cependant, ne m’a laissé une plus durable impression.

« En ce temps-là, Guillaume Ier régnait sur l’Empire allemand, et le prince de Bismarck dirigeait la politique impériale. La France achevait l’œuvre laborieuse de son relèvement militaire, et la haine clairvoyante du chancelier prussien préludait à l’affaire Schnœbelé par des propos chaque jour plus provocants. M. René Goblet était président du Conseil, le général Boulanger, ministre de la Guerre. Pour hâter la fabrication du fusil Lebel, le Gouvernement déposa une demande de crédits supplémentaires destinés-à la réfection de l’armement.

« C’était vers le milieu de cette journée du 8 février. Le projet fut aussitôt envoyé à la Commission du budget, et la séance, de fait, se trouva suspendue, Dans les couloirs, les groupes se formèrent, nombreux, agités. La droite, là gauche et le centre, radicaux et modérés, catholiques et libres penseurs se confondirent, dominés par la même et unique pensée. On était pourtant au lendemain des grandes discussions de la loi de 1886,