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essai loyal d’une réforme

misères ? De toute évidence, pareil échec attend tout autre individu et tout autre groupe, vous, moi, n’importe quel mammifère qu’on soumettra au même jeu de discussions effrénées dans la même « absence de prince »[1], au même conflit rituel d’opinions, d’intérêts et de coteries, à la même nécessité de faire prévaloir les conditions vitales des partis sur les conditions vitales de la patrie ; enfin à la nature d’un État où chaque intérêt particulier possède ses représentants attitrés, vivants, militants, mais où l’intérêt généra et central, quoique attaqué et assiégé par tous les autres intérêts, n’est pas représenté, n’est donc pas défendu, par personne ! sinon par hasard ou par héroïsme ou par charité, et n’a, en fait, aucune existence distincte, n’existant qu’à l’état de fiction verbale ou de pure abstraction, agitée et brandie successivement ou simultanément par les créatures et par les meneurs de tous les partis.

La République académique de M. Poincaré a bien pu succéder à la République financière de M. Caillaux où à la République bohémienne des premiers ministères Briand ; la distinction et le talent de quelques personnages ministériels n’ont pu améliorer l’administration. Et même la substitution d’apparences louables à des apparences qui ne l’étaient point ne pouvait être l’œuvre spontanée et propre du régime, La tentative, l’honnête effort a bien eu lieu sous l’aiguillon des partis, mais

  1. Ce mot est de M. Anatole France…