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préface de la deuxième édition

pas de leurs partis, pas des partis républicains : c’est à ses adversaires nationalistes et royalistes, c’est à nous, s’il vous plaît, que la République dut l’initiative de ses derniers beaux jours.

Pour élever une aspiration, même faible, vers l’intérêt de la patrie, l’État républicain, même provoqué d’Allemagne, a eu besoin de se sentir pressé à l’intérieur, et dans les œuvres vives de la coterie qui le mène. Parmi les accoucheurs de la réaction poincariste, on ne découvre aucun moyen de ne pas compter ce petit livre, dont la contribution se mesure à la part qu’il a prise à l’effort de l’Action française depuis cinq ans.

Cela ressortira d’un rapprochement entre deux époques.

En 1905, nul mouvement d’opinion n’a suivi le coup de Tanger : c’est qu’en 1905, l’Action française n’avait pas encore sa librairie, son Institut, son journal, ni sa forte prise sur la jeunesse et sur l’élite intelligente du pays. En 1911, au contraire, l’esprit public a réagi devant le coup d’Agadir : c’est que, en 1911, nous étions là, avec toutes nos forces, hommes et idées. Guillaume II n’était plus seul à stimuler la République ; une autre action que celle de la Wilhelmstrasse s’exerçait sur le monde républicain : par l’effort d’un jeune journal parisien, par son contrôle impitoyable, le monde républicain le plus avancé dut se mettre à penser et à parler à la française, dont il avait perdu l’habitude et le goût.

Sous la simple menace de l’empereur allemand,