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préface de la deuxième édition

ailleurs ? il y porte la main encore. Mais de prévoir le coup qu’on lui destine, ou de prévenir son antagonisie, il n’en a pas l’adresse, et même il n’y pense pas.

« … Jamais de projets arrêtés ! Jamais de précautions ! Vous attendez qu’une mauvaise nouvelle vous mette en mouvement. Autrefois, peut-être, vous pouviez sans risque vous gouverner ainsi, mais le moment décisif est venu, il faut une autre conduile. »

C’est un excellent signe que ces claires paroles n’aient pas été perdues pour nos bons confrères. Beaucoup s’y sont précipités avec une avidité presque touchante. Dès le lendemain d’Agadir, la réminiscence sortait par tous les pores des plus grands journaux parisiens. Avec un ensemble admirable, en des termes presque pareils, on sommait le gouvernement de prévenir l’Allemagne au lieu de se laisser prévenir par elle, et, sans se soucier le moins du monde de savoir si le régime était capable d’une telle gymnastique ou si l’essai ne ferait pas tomber (comme en 1895 M. Hanotaux) de Charybde en Scylla (oui, de l’inertie périlleuse naturelle à la République dans l’agitation pleine de danger inhérente à une politique monarchique sans monarchie[1], on pressait M. Jules Cambon et M. Joseph Caillaux d’arrêter des plans à l’avance et de suivre d’amples desseins, sagement médités. On déplorait que notre diplomatie fût

  1. Voir le livre premier du présent ouvrage : « L’erreur des républicains modérés ».