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essai loyal d’une réforme

entière n’en vint à reconnaître l’inaptitude ou l’indignité de la République. Comme il arrive en temps de crise, on pouvait voir glisser les plus secrets des masques, ceux que prend une idée avant même de s’énoncer.

Après M. Anatole France et son mot terrible et fameux, le plus grand succès de l’époque aura été pour un autre Athénien, l’orateur Démosthène. Nous avions cité à plusieurs reprises le reproche sanglant qu’il adressait à ses compatriotes qui, sans même avoir été réellement vaincus par Philippe, se comportaient en sujets de ce roi, puisque l’initiative guerrière, comme l’impulsion politique, ne leur venait jamais de leurs conseils, mais de ceux du Macédonien. Peut-être sans l’avoir voulu, l’orateur démocrate, par la pure lumière où il a mis le fait, a démontré pour notre siècle quel état de passivité politique est attaché à toutes les démocraties de l’histoire : Voici ses paroles :

« Athéniens, il ne faut pas se laisser commander par les événements, mais les prévenir : comme un général marche à la tête de ses troupes, ainsi de sages politiques doivent marcher, si j’ose dire, à la tête des événements ; en sorte qu’ils n’attendent pas les événements pour savoir quelle mesure ils ont à prendre, mais les mesures qu’ils ont prises amènent les événements.

« … Vous faites dans vos guerres avec Philippe comme fait le barbare quand il lutte. S’il reçoit un coup, il y porte aussitôt la main. Le frappe-t-on