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Page:Maurras - Kiel et Tanger - 1914.djvu/82

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préface de la deuxième édition

Pendant ces curieuses semaines qui coururent de février à mai 1913, les partis dominants, les idées régnantes, une portion du haut personnel universitaire se sont appliqués à décomposer point par point la bonne volonté d’un pouvoir éphémère et les élans de l’enthousiasme public. Les forces exhalées du fond de la Nature et de l’Histoire de la France se heurtaient à ce qu’il y a de plus stable ou de mieux lié dans le régime et, là contre, s’exténuait l’effort isolé de la fraction ministérielle mise pour une heure au service de notre intérêt national.

Un parlementaire radical, ancien ministre, le comte de Lanessan, a résumé la situation assez spirituellement[1] en disant que ceux qui avaient tenté de rapprocher tous les Français, « d’unir tous les républicains dans le Parlement », et de « rallier autour d’un même drapeau les citoyens », devaient reconnaître qu’ils s’étaient trompés, n’ayant « fait que créer des éléments nouveaux de divisions et des luttes » : « le seul rapprochement qu’ils aient opéré est celui des radicaux socialistes et des socialistes unifiés ». L’Essai loyal aboutissait à un nouvel effort vers le Bloc radical et réveillait tous les démons d’anarchie enfermés dans la démocratie. Comme Kiel et Tanger le fait entrevoir, « la défense nationale » en République, fournit « un nouveau sujet de guerre civile[2] ».

  1. Siècle du 21 mai 1913.
  2. Voir page 192.